Il ne reste que quelques jours pour profiter du festival photo L’homme et la mer au Guilvinec (29) qui finit le 30 septembre. Le principe est simple : en se promenant dans les rues et ruelles de la coté bigoudène, l’un des plus gros ports de pêche artisanale français, on découvre les photos de la sélection. Au programme : Daniel cariou, Clémentine Guivarc’h, Raphaël Demaret, Chris Miller, Ricardo Beliel, Ronan Gladu, Emile Luider, Nicola Bertasi, Jacques Hamel.

Du 3 octobre au 1er novembre prochain, le festival Photoreporter expose le travail de 10 photographes, dans la baie de Saint-Brieuc (22).
Il n’y a pas de thématique particulière définie mais les organisateurs défendent la volonté de proposer au public un regard sur le monde, regard qui se veut exigeant. Les travaux exposés sont produits par le festival qui est doté d’un fonds dédié à la production photographique (une quarantaine d’entreprises y participent).
Rencontre avec son directeur, Alexandre Solacolu (@Solacolu) qui nous fait part de ses réflexions sur l’avenir de la profession, les modèles à inventer et les expériences menées par le festival.

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©Åsa Sjöström

Le festival n’a pas de thématique particulière. Parlez-nous de la sélection…

On a l’impression d’avoir une approche objectivité et on essaie d’avoir une sélection cohérente. Et nous remarquons, en faisant une analyse a posteriori, qu’il y a beaucoup de nos préoccupations personnelles qui remontent, sans que ce soit voulu. L’interaction entre l’homme et la nature est très présente, la mer, l’enfance aussi. Sur ce dernier thème, nous accueillons deux points de vue et deux types de narrations très différents : Silent land d’Åsa Sjöström et Des adolescents d’Isabelle Vaillant. Ces deux travaux interrogent l’enfance volée quand elle est confrontée à la violence.

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©Isabelle Vaillant

Il y a plus de femmes que d’hommes exposés, c’est assez rare pour le souligner…

Là encore, ce n’est pas voulu. Cela correspond aussi à une évolution de la profession où les femmes sont de plus en plus nombreuses. Celles que nous avons sélectionnées proposent un regard, un type de narration qui nous a plu !

LE PEUPLE DES DUNES

©Rodolphe Marics

Quel est le projet du festival Photoreporter ?

Notre idée est d ‘accompagner les citoyens en leur livrant de l’information qui a du sens.  J’insiste sur le fait que nous ne sommes pas dans une démarche de militantisme ou dans le fait de revendiquer le journalisme avec un grand J. Pour nous, la culture et l’éducation forment les citoyens et le journalisme leur permet de mettre à jour leur logiciel. Je crois d’ailleurs qu’avec les 50 sujets qu’on a produit depuis 4 ans, on contribue à créer un type de regard qu’on porte sur le monde.

Northern Gannets (Sula Bassana), the largest sea bird in the northern hemisphere, blanket the cliffs of Shetland in dizzying numbers. Fishing nets colour cliffs green at Hermaness on the island of Unst, collected by the birds at sea. Chicks and adults frequently entangle their beaks and hang themselves from the nest. This graphic cost is heavily outweighed by the fact the population is exploding on the food throw out from these same fishing nets. The Shetland islands are at the heart of the UK’s pelagic fishing grounds and mark the boundary between North Sea and Atlantic Ocean EU quotas intended to protect fish stocks by discarded excess have supporting huge colonies of northern gannets, fulmar petrel and great skua. Up to 50% of every fishing catch is thrown overboard to prevent fines. Proposals to scrap this system in early 2015 have been postponed but if introduced will likely reduce sea bird numbers. One third of the EU’s breeding sea birds are found in Scotland with over a million nesting on Shetland’s wrinkled 1600-mile coast. Sea birds are indicators of marine health providing a window under the waves. Globally they are the fastest declining group of birds due to climate change, lack of food and development at sea.

©Kieran Dodds

Vous distinguez votre modèle économique et la proposition éditoriale qui est faite au public…

Pour nous, il y a une barrière hermétique entre les enjeux économiques du festival et la direction artistique. Notre idée est d’accompagner les citoyens dans leur quête d’information et notre modèle économique (le financement par des sponsors) nous le permet. On ne réfléchit pas dans un contexte corporatiste. D’ailleurs, les gens qui nous accompagnent financièrement ne sont pas que sur des logiques d’images de marque etc…Eux aussi veulent comprendre le monde. Sur cette base, on a trouvé les arguments pour convaincre ces entreprises et les faire participer au fonds de dotation Photoreporter.

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©Majid Saeedi/Getty Image

Comment voyez-vous l’avenir de la profession ?

Le constat est que l’on ne peut plus faire ce métier de photoreporter comme avant. Il faut donc trouver une nouvelle manière de l’exercer. Il faut s’adapter à ce nouveau système en remettant du sens. On essaie de se poser les bonnes questions. Pour moi, l’enjeu c’est : comment remet-on au cœur du projet l’information de qualité et comment fait-on pour la diffuser au plus grand nombre ? En ce sens, nous sommes un laboratoire et nous tentons des choses.

©Omar Havana / Getty Images

©Omar Havana / Getty Images

 

Un exemple ?

Pour cette édition, nous sommes en train de créer une plateforme Myphotoreporter d’investissement participatif. En clair, les gens investissent dans le projet de sujet du photographe. L’argent disponible l’aide à réaliser son idée. Et s’il arrive à gagner de l’argent avec ses photos, les investisseurs peuvent même se voir verser jusqu’à deux fois leur mise. Imaginons quelqu’un qui investit 50 € dans le projet. Si le photographe a bien vendu ses photos à travers des expos, des reportages, des ouvrages, l’investisseur pourra même recevoir 100 €. Un premier test sera réalisé avec le photographe Olivier Jobard (qui a beaucoup travaillé sur la question des migrations). Même si l’on se doute que la motivation première des investisseurs n’est pas de faire de l’argent, il faut multiplier les outils de production d’où ce test…

Propos recueillis par Servane Philippe.

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Un état du monde, un pas de côté

Qui connaît la Moldavie ? Ce petit pays coincé entre la Roumanie et l’Ukraine. La photographe d’origine suédoise Åsa Sjöström a photographié des enfants moldaves privés de leurs parents partis pour raisons économiques de leur pays. Plus proche de nous, l’Italie. Là encore l’angle choisi par Arainna Sanessi interpelle. La photographe s’est concentré sur le fléau du féminicide dans le pays, ces femmes qui se font assassinées par des maris jaloux ou violents, des frères, des proches…parce qu’elles sont femmes. On apprend au passage que l’ONU a déclaré le féminicide en Italie comme « crime d’Etat » devant la passivité des autorités. On verra aussi le travail d’Omar Havana sur la question du traitement des handicapés au Népal après le tremblement de terre, les batailles d’un collectif breton pour éviter l’extraction de sable dans la baie de Lannion photographiées par Rodolphe Marics…La programmation de cette édition 2015 du festival Photoreporter s’inscrit dans la volonté  de proposer un état du monde en mettant du sens dans le contenu proposé et d’atteindre le public le plus large possible. Les organisateurs espèrent convaincre les 25 à 30 000 visiteurs attendus.

Les habits et coiffes traditionnels bretons ont été photographiés par le photographe Charles Fréger, 40 ans. Ses photographies ont été exposées, cet été, dans quatre lieux culturels bretons : le centre d’art GwinZegal de Guingamp, le musée de Bretagne à Rennes, le musée Bigouden de Pont-L’Abbé et le musée d’Art et d’Histoire de Saint-Brieuc. Elles sont recensées dans un ouvrage qui paraît aux éditions Actes Sud.

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Le photographe Charles Fréger est un habitué des inventaires. Pour son travail Wilder Mann ou la figure du sauvage, il a voyagé dans de nombreux pays pour photographier les masques et les tenues traditionnels. Avec son nouveau travail photographique Bretonnes, il recense les nombreuses coiffes traditionnelles portées en Bretagne : capot de deuil, queue de langouste, coiffe le coq, cornette du Trégor.
Certaines font penser à des coiffes de religieuses, d’autres s’élèvent dans des mouvements de plis assez complexes sur la tête quand d’autres encore se portent à même les cheveux, posées comme des calots. Il y en a pour tous les goûts.

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L’idée vient d’une résidence au centre d’art GwinZegal à Guingamp (22), en 2011. Le photographe de 40 ans, né à Bourges, décide de contacter les cercles de danse. Des femmes posent en habits.
Les photos sont toujours composées d’un premier plan où l’on voit le modèle et d’un second plan où l’on distingue l’environnement (des champs, des paysages de mer). Le résultat donne un effet très pictural obtenu grâce à un écran de soie placé derrière le modèle. « C’est une toile tendue qui réagit aux flash, filtre la lumière et donne un flou à l’arrière plan de l’image », explique l’auteur.

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« Je ne comprends pas pourquoi les Bretonnes ne sortent pas en costumes comme cela se fait en Bavière », demande Charles Fréger.
En tant que trentenaire et bretonne de mon état, je ne m’étais jamais posée la question. Sans doute parce que la culture traditionnelle, on la pratique ou pas…et que ce genre d’habits d’apparats ne sont sortis qu’à des occasions très précises, lors des festivals, des pardons, des fest-noz…

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Les photographies de Charles Fréger m’ont permis d’aborder la question qu’il pose sous un autre aspect ; et de voir sous un autre angle les coiffes en dentelles, les châles en broderies rongés par les mites et les nombreuses broderies que beaucoup de grands-mères bretonnes ont précieusement conservé dans leur grenier.

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