En été, on n’a pas franchement envie de s’enfermer dans les musées. Sauf, peut-être, quand on passe l’été à Paris, qui plus est dans l’atmosphère automnale de ces derniers jours. En parlant de derniers jours, l’expo du Bal*, près de la place de Clichy s’arrête le 21 août . Il est donc plus que temps de parler de Tokyo-e. Tokyo-e signifie « vers Tokyo » ou « les images de Tokyo », cette expo présente le regard de trois figures importantes de la photographie japonaise… soit trois regards qui racontent chacun cette ville et ce qu’ils perçoivent de ses mouvements ou de ses mutations.  

© Yutaka Takanashi (Un photomaton dans le quartier de Shitamachi, l'un des plus anciens de Tokyo)

Dans la série Machi, le photographe Yutaka Takanashi, co-fondateur du magazine Provoke en 1968, se concentre sur Shitamachi, l’un des quartiers les plus anciens de Tokyo. Ses portraits d’intérieur et d’extérieur, sans présence humaine ou presque, montrent un monde traditionnel peu à peu gagné par la modernité. Pour témoigner de la disparition programmée de ce monde, Yutaka Takanashi choisit des compositions très riches, remplies de détails, aux couleurs très léchées. Le livret de l’exposition résume très bien la sensation d’inquiétude étrange qui se dégage de ces natures mortes : « Takanashi retourne à Shitamachi comme on rend visite à ses morts ».

© Yukichi Watabe

Dans la même salle, il y a les photos au mur de Yutaka Takanashi et posées sur des consoles noires vitrées la série Une enquête criminelle de Yukichi Watabe. En 1958, le photographe, alors jeune reporter photographe, obtient l’autorisation de suivre les enquêteurs. C’est une sale affaire : un homme a été retrouvé mort. Différentes parties de son corps (un nez, un doigt et un pénis) ont été découvertes dans un bac à huile. Le long d’une voie ferré, dans un poste de police de quartier, le photographe suit ces Colombos japonais et le spectateur que nous sommes se délecte de cette série de photos esthétiques et documentaires.

© Kenzo Kitajima

Enfin, le sous-sol est entièrement consacré aux travaux de Keizo Kitajima, né en 1954. Une immense fresque de grands formats noir et blanc, collés les uns aux autres, occupe une large part de la pièce.  Cette scénographie rappelle que dès 1979, le photographe décide de recouvrir, du sol au plafond, les murs de la galerie CAMP (qu’il a créée en 1975). Il expose ainsi, chaque mois,  ses photos d’un quartier tokyoïte, équivalent du Pigalle parisien. Le livret de l’expo précise : « tout le travail de Keizo Kitajima est hanté par une idée fixe : l’identité, ou plutôt son revers (…). Chez lui, la question identitaire se pose quand elle mute, s’enrichit, se dissout, se confronte à une mécanique ou à ce qui la bouscule. (…) Se fondre dans la foule, jusqu’à se laisser absorber par elle. Aller au plus près des images, jusqu’à se perdre lui-même. »

»»» Aller au Bal »»» 18 impasse de la Défense »»» 75 018 PAris

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